Hermès VS LVMH : le luxe français à couteaux tirés




Début octobre 2012, on apprenait que le Tribunal de Grande instance avait ouvert une enquête à la suite d’une plainte déposée en juillet par le groupe Hermès à l’encontre de LVMH. Cet évènement constitue un nouveau chapitre d’un bras de fer entamé en 2010 alors que LVMH prenait une participation inattendue au capital d’Hermès et l’occasion de faire un tour d’horizon du litige qui oppose les deux champions du luxe à la française.



En octobre 2010, LVMH entrait au capital de la société Hermès en en rachetant 17 % de ses parts. Seulement quelques semaines plus tard, LVMH franchissait la barre des 20 %. L’enthousiasme de LVMH avait alors hérissé les représentants de la famille Hermès. Tenant à l’indépendance de leur maison, ces derniers avaient en effet accueilli assez froidement la participation de LVHM au capital de la société familiale. Ce dernier groupe avait par ailleurs déclenché une vive polémique en ne s’étant pas acquitté auprès de l’AMF de la déclaration obligatoire en cas de prise de participation supérieure à 5 % au capital d’une entreprise.
 
En dépit des controverses, la participation de LVMH au capital d’Hermès s’est accrue entre 2010 et 2012. Elle atteignait ainsi le seuil de 21,4 % en 2011 et a été évaluée en mai 2012 à 22,28 % du capital d’Hermès. LVMH s’apprêterait-elle à croquer le fameux sellier alsacien ? Rien n’est moins sûr, car paradoxalement ce n’est pas l’intention avérée du groupe LVMH et rien n’indique qu’il en ait les moyens par ailleurs
 
À l’heure de sa première prise de participation dans Hermès, LVMH avait en effet savoir que l’objet de son entrée au capital d’Hermès n’était pas de prendre le contrôle de cette société. Le groupe dirigé par Bernard Arnauld avait alors affirmé qu’il tenait à respecter les prérogatives de la direction familiale de l’entreprise.
 
Cette dernière bénéficie par ailleurs d’un statut spécifique, le statut de gérance en commandite par action, qui la protège de toute tentative de prise de contrôle financière par des acteurs extérieurs. Les représentants de la famille Hermès disposaient ainsi en avril 2012 de plus de 70 % des actions de l’entreprise ; un chiffre stable depuis 2010 et qui ne risque pas de bouger puisque les Hermès ont depuis transféré leurs parts à une holding non cotée en bourse et baptisée H51. Leur propriété ainsi doublement sécurisée, les membres de la famille Hermès n’ont pas à craindre outre mesure pour le futur de leur entreprise.
 
En octobre 2012, Hermès a néanmoins adressé une plainte à LVMH pour « manipulation de cours, délit d’initié et complicité de délit d’initié ». Deux ans après les faits, le réquisitoire est corsé et la famille Hermès semble n’avoir toujours pas avalé la pilule de 2010. Convaincue de sa bonne foi, LVMH ne s’est pas fait attendre pour riposter et déposer à son tour une plainte pour chantage et dénonciation calomnieuse. À bien y regarder, le combat entre ces deux entreprises ne fait que commencer en cette fin 2012.
 


1 Novembre 2012