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Jaguar Land Rover : le PDG démissionne sur fond de polémique et de crise





Le 31 juillet 2025, la direction de Jaguar Land Rover (JLR), filiale du groupe Tata Motors, a annoncé le départ d’Adrian Mardell, son directeur général. Cette décision marque la conclusion d’une séquence inédite dans l’histoire récente du constructeur britannique, ponctuée par une stratégie de transformation radicale, l’effondrement des ventes de Jaguar et une remise en question du positionnement du groupe sur le marché mondial du luxe automobile.



Démission d’Adrian Mardell : une annonce officielle attendue

Dans un communiqué publié le 31 juillet 2025, un porte-parole de Jaguar Land Rover a déclaré : « Adrian Mardell a exprimé son souhait de se mettre en retrait de JLR après trois ans comme PDG et trente-cinq ans au sein de l’entreprise. Son successeur sera annoncé en temps voulu », relaye Les Echos

Aucune déclaration supplémentaire d’Adrian Mardell n’a été rendue publique. Cette communication laconique intervient alors que la pression interne et externe était devenue maximale, tant pour le dirigeant que pour le conseil d’administration.
 

Retour sur trois ans de stratégie contestée chez Jaguar (2022-2025)

Adrian Mardell, nommé PDG en 2022 après un parcours intégralement accompli chez JLR, avait pris la responsabilité de la stratégie « Reimagine ». Cette orientation visait à transformer Jaguar en marque exclusivement électrique, repositionnée dans l’ultra-premium, rompant ainsi avec son héritage sportif et sa clientèle traditionnelle.

En février 2024, JLR annonce l’arrêt total de la production de Jaguar, promettant un retour en 2026 avec une nouvelle gamme 100 % électrique. Cette décision, inédite dans l’industrie, est assortie de mesures symboliques fortes, dont la suppression du félin historique dans le nouveau logo de la marque. Cette orientation suscite immédiatement des réactions hostiles, à l’interne comme à l’externe, et précipite la désaffection d’une partie du réseau et de la clientèle.

Chute des ventes et crise identitaire

Le choix de suspendre la commercialisation de tout modèle thermique ou hybride, en l’absence de nouvelle gamme disponible, plonge Jaguar dans une crise commerciale sans précédent. Les chiffres sont sans appel : en juin 2025, seules 37 Jaguar neuves sont immatriculées en Europe, une chute vertigineuse qui inquiète jusque chez Tata Motors, la maison-mère, selon Les Echos.

Concomitamment, Land Rover, pourtant locomotive financière du groupe via Range Rover, est lui aussi confronté à une contraction de la demande, notamment en Chine et en Europe, tandis que les exportations vers les États-Unis sont freinées par la hausse des droits de douane et l’absence d’outil industriel local.

La stratégie « tout électrique », couplée à une communication jugée brutale et à une absence totale d’offre de transition, a ainsi précipité une désorientation de la clientèle et du réseau de distribution, entraînant une crise de confiance majeure.
 

Un avenir incertain, une transition sous tension

Le départ d’Adrian Mardell acte l’échec de la première phase de la stratégie « Reimagine » pour Jaguar. Le communiqué officiel laisse en suspens la question du successeur, qui devra restaurer la confiance du marché et clarifier la trajectoire industrielle et commerciale du groupe.

Pour l’heure, la nouvelle gamme Jaguar, promise pour l’été 2026, demeure le seul espoir tangible de relance. Mais le retard accumulé, la défiance du réseau et l’effritement de la clientèle historique imposent une reconstruction stratégique urgente.

 


6 Août 2025