
Crédit : EDF.fr
L’épilogue de la succession de Sabrina Soussan à la tête de Suez est enfin connu. Plusieurs noms circulaient depuis le départ forcé de l’ex-nº1 du groupe, comme ceux de Stéphane Richard (ex-patron d’Orange), Marie-Ange Debon (présidente exécutive de Keolis) ou encore Yann Leriche (directeur général de Getlink). C’est finalement le nom de Xavier Girre, directeur exécutif en charge de la direction de la Performance Impact Investissements Finance chez EDF, qui a été retenu par le comité des nominations de Suez pour reprendre le flambeau de la direction générale du spécialiste français de l’eau. Pour compléter le tandem exécutif, Thierry Déau – président du fonds Meridiam, actionnaire de Suez à hauteur de 39% – se voit confirmer à la présidence du groupe qu’il occupait depuis janvier 2025 et le départ de Sabrina Soussan, suite à des résultats financiers décevants et à des controverses sur sa gestion et son management. Une page se tourne.
Xavier Girre, l’expert attendu
L’arrivée de Xavier Girre à la direction générale de Suez – officiellement confirmée le 2 juin par le conseil d’administration – coïncide donc avec un agenda précis : celui de tourner la page de l’équipe dirigeante précédente et de consolider la stratégie industrielle à mettre en place pour les années à venir. Il arrive avec une carte de visite solide, à la fois par sa connaissance sectorielle de l’eau et son expertise financière. La nouvelle équipe va pouvoir travailler sereinement.
D’abord, Xavier Girre – 56 ans – connaît bien la maison. Administrateur depuis deux ans au sein du groupe et président du comité RSE (Responsabilité sociale et environnementale) de Suez, il n’aura pas besoin de beaucoup de temps pour se familiariser avec les enjeux pressants du groupe. Ensuite, son CV illustre sa connaissance à la fois du secteur de l’eau et de la gestion des grandes entreprises françaises. Membre de la Cour des comptes de 1995 à 1999, passé par Veolia de 1999 à 2011, le grand concurrent de Suez, puis par le groupe La Poste de 2011 à 2015, il veillait depuis ces dix dernières années sur la direction financière d’EDF.
Réputé « homme de transformation », Xavier Girre devra faire de l’anti-Sabrina Soussan, dont le management a été jugé – en interne – trop vertical et pas assez volontariste pour s’attaquer aux défis de l’entreprise. La première question qui se posera à la nouvelle équipe sera stratégique : l’entreprise française devrait-elle vendre certaines activités, l’agence Bloomberg ayant par exemple cité l’hypothèse de cession d’actifs du secteur de l’eau en Chine ? Le bilan de Xavier Girre à la direction financière d’EDF plaide quoi qu’il en soit en sa faveur, le géant tricolore de la production d’électricité ayant réussi à faire face à une situation financière des plus précaires.
Objectif nº1 : poursuivre le développement à l’international
Suez a mis un certain temps à se remettre de la guerre fratricide que Veolia lui a livré en 2021, qui avait amené Suez à céder les deux tiers de ses activités à son concurrent de toujours. Mais Xavier Girre arrive aujourd’hui dans une entreprise qui entend regarder vers l’avenir. « Le Suez d’aujourd’hui est beaucoup plus fort que celui de 2022 », rappelait ainsi très récemment Pierre Pauliac, Directeur de la Division Eau. C’est en tout cas ce qui a poussé les principaux actionnaires – Meridiam, Global Infrastructure Partners (GIP) et le groupe CDC (Caisse des dépôts et consignations, représentant l’État français) – à le nommer à la direction générale. Objectif à très court terme donc, comme le titre le quotidien Libération : administrer un électrochoc au groupe Suez, pour clore un cycle et en démarrer un nouveau.
La nouvelle équipe va ainsi pouvoir s’appuyer sur ce qui fonctionne. Et en particulier le développement à l’international. « Sous l’impulsion de nos actionnaires, Meridiam, GIP, et la Caisse de dépôts, nous sommes sur une dynamique de croissance et de développement sur le cycle 2025-2030, estime encore le directeur de la division Eau. C’est un cycle de conquête ou de reconquête. Le premier cycle, 2022 à 2025 était un cycle de reconstruction et de retour de la performance, tout en se redonnant les moyens de réussir. » Par exemple, l’entreprise va pouvoir élargir son implantation à l’international, qui fait déjà sa force, grâce aux nouvelles technologies mises en place, en fonction des zones géographiques. « Le Moyen-Orient est notre zone de développement numéro un, avec l’Australie juste après, poursuit Pierre Pauliac. Historiquement, Suez a – ou a eu – également des contrats dans presque la totalité des capitales africaines, où nous poursuivons notre développement, mais certains marchés sont plus compliqués à pénétrer comme les Etats-Unis. Les affaires se portent globalement bien, nous avons par exemple signé pour 6 stations de dessalement sur les 18 derniers mois. » C’est bien cette dimension internationale qui tient la corde pour les futurs projets, alors que l’activité du groupe dans la gestion de l’eau dans l’Hexagone a subi un repli de -1,2% l’an dernier. L’entreprise réalise déjà 59% de son chiffre d’affaires hors de France, cette part sera probablement amenée à croître.
Présenté comme un fin technicien, Xavier Girre devra donc relancer la machine dès 2025, pour améliorer les résultats 2024. Selon le président de Meridiam Thierry Déau, Suez va devoir par exemple réorienter ses activités en France : « L'enfouissement représente 80% de notre Ebitda dans les déchets, 20% pour le tri et les autres activités : il faut que ce rapport s’inverse d’ici à cinq ans. » La feuille de route est désormais connue : réorienter les activités françaises et développer davantage les contrats à l’international. Rendez-vous en 2030 pour savoir si la nouvelle équipe aura réussi son pari.
Xavier Girre, l’expert attendu
L’arrivée de Xavier Girre à la direction générale de Suez – officiellement confirmée le 2 juin par le conseil d’administration – coïncide donc avec un agenda précis : celui de tourner la page de l’équipe dirigeante précédente et de consolider la stratégie industrielle à mettre en place pour les années à venir. Il arrive avec une carte de visite solide, à la fois par sa connaissance sectorielle de l’eau et son expertise financière. La nouvelle équipe va pouvoir travailler sereinement.
D’abord, Xavier Girre – 56 ans – connaît bien la maison. Administrateur depuis deux ans au sein du groupe et président du comité RSE (Responsabilité sociale et environnementale) de Suez, il n’aura pas besoin de beaucoup de temps pour se familiariser avec les enjeux pressants du groupe. Ensuite, son CV illustre sa connaissance à la fois du secteur de l’eau et de la gestion des grandes entreprises françaises. Membre de la Cour des comptes de 1995 à 1999, passé par Veolia de 1999 à 2011, le grand concurrent de Suez, puis par le groupe La Poste de 2011 à 2015, il veillait depuis ces dix dernières années sur la direction financière d’EDF.
Réputé « homme de transformation », Xavier Girre devra faire de l’anti-Sabrina Soussan, dont le management a été jugé – en interne – trop vertical et pas assez volontariste pour s’attaquer aux défis de l’entreprise. La première question qui se posera à la nouvelle équipe sera stratégique : l’entreprise française devrait-elle vendre certaines activités, l’agence Bloomberg ayant par exemple cité l’hypothèse de cession d’actifs du secteur de l’eau en Chine ? Le bilan de Xavier Girre à la direction financière d’EDF plaide quoi qu’il en soit en sa faveur, le géant tricolore de la production d’électricité ayant réussi à faire face à une situation financière des plus précaires.
Objectif nº1 : poursuivre le développement à l’international
Suez a mis un certain temps à se remettre de la guerre fratricide que Veolia lui a livré en 2021, qui avait amené Suez à céder les deux tiers de ses activités à son concurrent de toujours. Mais Xavier Girre arrive aujourd’hui dans une entreprise qui entend regarder vers l’avenir. « Le Suez d’aujourd’hui est beaucoup plus fort que celui de 2022 », rappelait ainsi très récemment Pierre Pauliac, Directeur de la Division Eau. C’est en tout cas ce qui a poussé les principaux actionnaires – Meridiam, Global Infrastructure Partners (GIP) et le groupe CDC (Caisse des dépôts et consignations, représentant l’État français) – à le nommer à la direction générale. Objectif à très court terme donc, comme le titre le quotidien Libération : administrer un électrochoc au groupe Suez, pour clore un cycle et en démarrer un nouveau.
La nouvelle équipe va ainsi pouvoir s’appuyer sur ce qui fonctionne. Et en particulier le développement à l’international. « Sous l’impulsion de nos actionnaires, Meridiam, GIP, et la Caisse de dépôts, nous sommes sur une dynamique de croissance et de développement sur le cycle 2025-2030, estime encore le directeur de la division Eau. C’est un cycle de conquête ou de reconquête. Le premier cycle, 2022 à 2025 était un cycle de reconstruction et de retour de la performance, tout en se redonnant les moyens de réussir. » Par exemple, l’entreprise va pouvoir élargir son implantation à l’international, qui fait déjà sa force, grâce aux nouvelles technologies mises en place, en fonction des zones géographiques. « Le Moyen-Orient est notre zone de développement numéro un, avec l’Australie juste après, poursuit Pierre Pauliac. Historiquement, Suez a – ou a eu – également des contrats dans presque la totalité des capitales africaines, où nous poursuivons notre développement, mais certains marchés sont plus compliqués à pénétrer comme les Etats-Unis. Les affaires se portent globalement bien, nous avons par exemple signé pour 6 stations de dessalement sur les 18 derniers mois. » C’est bien cette dimension internationale qui tient la corde pour les futurs projets, alors que l’activité du groupe dans la gestion de l’eau dans l’Hexagone a subi un repli de -1,2% l’an dernier. L’entreprise réalise déjà 59% de son chiffre d’affaires hors de France, cette part sera probablement amenée à croître.
Présenté comme un fin technicien, Xavier Girre devra donc relancer la machine dès 2025, pour améliorer les résultats 2024. Selon le président de Meridiam Thierry Déau, Suez va devoir par exemple réorienter ses activités en France : « L'enfouissement représente 80% de notre Ebitda dans les déchets, 20% pour le tri et les autres activités : il faut que ce rapport s’inverse d’ici à cinq ans. » La feuille de route est désormais connue : réorienter les activités françaises et développer davantage les contrats à l’international. Rendez-vous en 2030 pour savoir si la nouvelle équipe aura réussi son pari.