Tu t'es entendu quand tu parles ?




Au bureau, dans cet écosystème parfois si particulier, émergent des mots et des expressions que l'on ne retrouve pas forcément ailleurs. Heureusement.



Réu, récap, débrief, conf-call, Gafa ou autre, on se fait un Skype ou on se schedule un call… Au bureau, peut-être encore plus que dans la vie de tous les jours, abréviations, acronymes, inventions, mot-valise ou anglicismes balisent journée et envahissent les open-space. Parfois jusqu’à la saturation. Sans parler du côté grotesque. On a le droit de n'y rien comprendre, ou de ne pas jouer le jeu. Pourtant, c'est parfois difficile d'y échapper. Effet de mode, de mimétisme, d'esprit d'entreprise...
 
La lexicologie au bureau, est un terrain d’étude pour sociologues. Quentin Périnel, journaliste au Figaro et expert ex-linguistique dans l’entreprise, recense non sans humour, ces lâchages verbaux dans sa chronique hebdomadaire Le Bureaulogue. Une mine.

Comme l’écrit également Gaël Chatelain, auteur de « Mon boss est nul mais je me soigne », publié chez Marabout, « nos mots et expressions sont les vecteurs d’un état d’esprit. » Mais alors, au bureau, parfois, ça ne vole pas haut.
 
Sur son blog Feelgood Management Consulting, il va même plus loin, en dressant la liste des mots et expressions honnis. Ou qui, pour le bien-être de tous les salariés, devraient l’être. En ce qui concerne « bon courage », il tombe 100% d'accord avec Quentin Périnel.

En effet, « Dire cela à quelqu’un qui va commencer une tache est profondément démotivant (…) dire « bon courage » montre bien à la personne : que vous ne l’enviez pas, mais alors pas du tout. » Autrement dit, on t’as confié cette mission mais vraiment, tu n’as pas de bol, elle est pourrie.
 
Très en vogue actuellement, l’expression « comme un lundi. » Exemple, comment tu te sens ? « Comme un lundi », grosso modo mal. J'aurais préféré être dimanche ou mieux, vendredi, la quille. Pour Gaël Chatelain, « venir travailler est une purge ! Je vous l’accorde, entre un week-end sympa et aller travailler, il n’y a pas photo mais de là à considérer que le Lundi est nécessairement une souffrance, il ne faut pas exagérer. » En plus, aujourd’hui, on est mardi. Donc, on ne peut pas dire, je me sens comme un lundi.
 
Et quid de : il n’y a pas de souci, désolée, je verrai ça plus tard ? De quoi organiser une master class au bureau. Le thème : les mots et expressions à éviter. À prévoir un lundi.
 


3 Avril 2018