TF1, Canal+, M6 : la peur de Netflix




L'heure est grave. À tel point que les patrons des trois principaux groupes de télévision privée du pays ont, dans un mouvement d'unanimité rare, signé un courrier à la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti.



Nonce Paolini (TF1), Nicolas de Tavernost (M6) et Bertrand Méheut (Canal+) demandent à pouvoir rencontrer la ministre afin de lui présenter leurs propositions pour accompagner la « mutation industrielle accélérée » que le PAF traverse. Une mutation poussée par les géants américains du divertissement, Apple, Facebook, Amazon, Google, et surtout Netflix. Le service de vidéo à la demande sur abonnement a déjà bousculé l'ordre établi dans tous les pays où il s'est installé - le modèle économique, moins de 10$ par mois pour pouvoir consommer un catalogue très fourni de films et de séries TV, séduit les téléspectateurs. Et en 2014, Netflix compte bien s'implanter en Allemagne et en France.
 
Un modèle lancé il y a quelques années maintenant aux États-Unis, que les acteurs locaux n'ont pas su reproduire en France. Aujourd'hui, leur dernier rempart pour s'opposer à Netflix ou à tout le moins, adoucir la concurrence, reste les pouvoirs publics. Ces derniers ont ces dernières semaines multiplié les signes d'ouverture envers le géant américain, d'où sans doute la vive inquiétude des chaînes privées qui reprochent également aux autorités d'avoir « multiplié, au nom du pluralisme, le nombre d’opérateurs, dans un marché [publicitaire] devenu stagnant ». Et c'est sans compter l'optimisation fiscale dont se rendent coupables ces groupes internationaux.
 
Les trois chaînes réclament donc du ministère de revoir « l’ensemble des taxes sectorielles qui pénalisent durablement l’efficacité économique de nos entreprises », des modalités de « financement de la télévision par la publicité, si on ne veut pas accélérer les transferts de budget vers internet », ainsi que l'organisation des « relations entre les producteurs d’œuvre audiovisuelle et cinématographiques, et les diffuseurs, qui reposent encore aujourd’hui sur des critères d’indépendance, vieux  de 25 ans ». Enfin, ils demandent à conserver le système de chronologie des médias, un des garants de l'exception culturelle française en matière de cinéma.
 
 


17 Février 2014