Rapport de l’INPI : les dirigeants peu sensibles à une question stratégique ?




En plus d’être une question juridique fondamentale, la Propriété Intellectuelle (PI) constitue un enjeu financier considérable. Un rapport PwC pour L’Institut National de la Propriété Intellectuelle (1) (INPI) propose de faire le point sur les risques et les opportunités de la situation actuelle de la PI.



Une filière éloignée des préoccupations des directions

La PI est une notion qui reste vague. Elle désigne les actifs immatériels : brevets, marques, droits d’auteur, secrets d’affaire… Globalement, elle recouvre les créations de l’esprit. Elle repose sur deux axes : d’une part la propriété industrielle, et d’autre part le droit d’auteur. La PI tient véritablement, souvent à son insu, une place centrale dans le processus d’innovation d’une organisation, et ce à toutes les étapes. Au-delà de 250 collaborateurs, la plupart des entreprises consacrent des ressources à la PI : ingénieurs, juristes, avocats, spécialistes en valorisation produit... Malgré cela, l’étude proposée par l’INPI relève que globalement, le maillon de la PI ne possède qu’une place la plupart du temps très limitée dans la chaine de valeur.

Il en ressort aussi que, les dirigeants ne se sentent guère préoccupés par la question de la PI. Les prises de décisions, qui peuvent pourtant la concerner au premier chef, se font souvent sans concertation. Le rapport ajoute : « De l’avis de la majorité des personnes rencontrées, la filière PI apparaît comme peu connue et ses métiers solitaires. » Il apparait clairement, pour les enquêteurs, que les dirigeants sont loin d’être sensibilisés à une question pourtant centrale en termes de stratégie. Loin d’apparaître comme un potentiel avantage concurrentiel, la PI et ses attributions ne sont pas valorisées au sein des organisations. Pour la majeur partie des répondants, la PI, au sein des organisations, est d’avantage génératrice de coût (36% des interrogés) qu’une activité stratégique en elle-même (18%).

Comment et pourquoi valoriser le maillon de la propriété intellectuelle dans la chaîne de valeur ?

Pourtant, la PI constitue une véritable valeur ajoutée. C’est un moteur décisif pour l’innovation, notamment dans le cadre de la forme collaborative, ouverte, que celle-ci prend depuis ces dernières années et la modification des pratiques technologiques et managériales. D’après le rapport de l’INPI, la PI fait clairement partie des enjeux que les organisations se doivent de maîtriser à l’avenir. Elle peut être au cœur de l'innovation tout en garantissant une meilleure sécurité aux entreprises et aux institutions. Les métiers associés sont par ailleurs, en eux-mêmes, stratégiques. Mais pour prendre plus de place au sein des organisations, les spécialistes de la propriété intellectuelle doivent aussi maîtriser les enjeux métiers et marché de leurs collaborateurs.

Et c’est là que le bât blesse : l’expert en droit de la PI est perçu, souvent, comme éloigné des autres, au profil très différent. On lui reproche régulièrement de ne pas proposer de perspectives claires d’évolution, et par conséquent de ne pas susciter de réelle vocation. 66% des entreprises possédant un service PI rencontrent des difficultés pour trouver des profils correspondant à leurs attentes. La PI n’est d’ailleurs que très rarement sollicité en phase d’idéation, ni d’ailleurs en phase de veille. Globalement, la PI n’est pas suffisamment impliqué par les autres services dans la détection d’éléments potentiellement protégeable par celle-ci. Chez les PME comme chez les start-up, cette activité est d’ailleurs généralement externalisée, ce qui ne participe pas, in fine, à améliorer l’intégration de la filiale à la vie de l’organisation.


20 Novembre 2013