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« Partage de la valeur » en entreprise, l’exemple Ardian à la loupe





L’intéressement des salariés aux résultats des entreprises constitue un puissant facteur d’engagement de la part de leur dirigeant et des investisseurs. Depuis août 2022, l’État français appuie cette politique, élargie au « partage de la valeur », mais certaines entreprises ont anticipé depuis longtemps ces préconisations du gouvernement. C’est le cas du nº1 français et européen du private equity : Ardian.



Tous les salariés de France et de Navarre ne le savent peut-être pas, mais ils ont droit, depuis août 2022, à une prime de partage de la valeur. Les entreprises concernées peuvent verser à leurs salariés une prime annuelle venant s’ajouter à leur rémunération, plafonnée à 6000 euros et exonérée de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu. Ça, c’est ce que prévoit l’État. Mais des entreprises vont bien plus loin pour « intéresser » leurs collaborateurs, et ce depuis longtemps.
 
Une politique pérenne depuis 2008
 
C’est par exemple le cas d’une entreprise peu connue du grand public et pourtant leader de son marché : le fonds de capital-investissement Ardian, né en 2013 du rachat par ses propres salariés d’AXA Private Equity (qui existe depuis 1996). Depuis, ce fonds est devenu le nº1 français et le nº6 en Europe dans son domaine, et dispose aujourd’hui d’un portefeuille de 150 milliards de dollars d’actifs, sous gestion directe ou conseillée. Pour le compte de ses clients, Ardian mène chaque année des levées de fonds et investit dans de très nombreux secteurs, comme la tech, l’agroalimentaire, les infrastructures, l’aéronautique, l’énergie… en France comme à l’étranger. Avec souvent des résultats probants en termes de rentabilité et de profits pour les entreprises ciblées (non cotée en bourse), et donc pour les investisseurs que ce fonds représente.
 
Alors appelé AXA Private Equity, Ardian a lancé sa stratégie de partage de la valeur dès 2008, grâce à sa Charte sur le partage des bénéfices. À l’époque, l’équipe dirigeante – toujours présidée par Dominique Senequier – cède l’une de ses entreprises, Photonis, une société de haute technologie dans le domaine des composants électro-optiques. La vente est un succès, ses salariés touchent alors une prime substantielle. Le principe de l’opération est simple : au cours du cycle d’accompagnement par les équipes d’Ardian, les investisseurs ont vu la valeur de l’entreprise monter en flèche. Au moment de la revente, il était normal que celles et ceux ayant été les acteurs de cette réussite – les salariés, donc – touchent le bénéfice de leur travail, prélevé sur les plus-values de cession. Depuis, Ardian a étoffé son portefeuille et a versé des primes d’intéressement à 28000 salariés de 37 sociétés sous gestion. Ces primes vont bien au-delà de celles que l’État français préconise depuis 2022, allant d’un à six mois de salaire.
 
Valoriser la contribution des salariés aux entreprises
 
Les bons résultats des fonds de capital-investissement ne se résument donc pas aux chiffres en bas des colonnes, en termes de croissance ou de bénéfices nets. Les primes de partage de la valeur qu’ils permettent constituent également un argument phare pour les entreprises concernées afin d’intéresser leurs salariés, et ainsi de les fidéliser. Il est en effet essentiel pour ces derniers de recevoir une part des bénéfices réalisés. « Nous tenons à ce que tous ceux qui travaillent dans nos sociétés en portefeuille soient récompensés pour leur contribution à la réussite de l’entreprise, avance April Tissier, Senior Manager Sustainability chez Ardian. En bénéficiant du mécanisme de partage de la valeur lors des cessions, les collaborateurs se sentent valorisés et récompensés de leurs efforts. »
 
Du côté des entreprises et de leurs salariés, la politique d’Ardian est évidemment très bien accueillie. Et les exemples sont nombreux. En 2017 par exemple, le fonds de private equity clôt son aventure avec l’entreprise de la data economy Alteres, présidée par Gérard Jeulin. Chaque salarié reçoit alors un mois de salaire en prime. « Cette prime vient récompenser le travail de tous les employés d’Altares qui ont amplement contribué à sa croissance et lui ont permis de réussir sa transformation », se félicite alors le PDG, imité par François Jerphagnon, directeur d’Ardian Expansion. « Le partage de la valeur générée lors de cessions de sociétés constitue chez Ardian un objectif en soi, souligne ce dernier. L’apport des employés des sociétés que nous détenons est décisif à la réussite des projets de transformation et de croissance que nous menons. Cette démarche s’inscrit dans une approche globale en faveur de l’investissement responsable et de la prise en compte des critères ESG dans nos décisions d’investissement. »
 
Plus récemment, en 2021, Ardian a revendu l’une de ses entreprises du secteur de l’agroalimentaire basée à Rennes, Solina, elle-même maison-mère de plusieurs entreprises en Europe, comme Essential Cuisine au Royaume-Uni. Cette opération de buyout s’est bien déroulée. « Recevoir deux mois de salaire supplémentaires a été révélateur de l’intérêt porté par Ardian pour Solina, durant les bons moments comme les périodes plus sensibles, souligne Heather Wilde, directrice générale d’Essential Cuisine, filiale britannique de Solina à l’époque. Chacun s’est senti valorisé et intégré au sein d’une même équipe. » Depuis, Solina a pu poursuivre son développement comme le montre l’acquisition de Lynch Foods _  au Canada en mars dernier.
 
Pour accélérer cette politique, le fonds Ardian préconise – auprès des entreprises qu’il accompagne – la mise en place de mécanismes d’incitation à long terme, comme les plans d’actionnariat salarié ou les plans d’intéressement. Plus de 80% des entreprises des portefeuilles Buyout, Expansion et Infrastructure jouent désormais le jeu. « Le partage de la valeur nous permet d’avoir des impacts sociaux positifs, conformément à nos engagements en matière d’investissement responsable et à l’Objectif de développement durable 10 des Nations unies, qui vise à réduire les inégalités, précise Ardian. Ces dispositifs récompensent les collaborateurs des sociétés de notre portefeuille pour leurs efforts, et sont une expression importante de la culture et des valeurs d’Ardian. »
 
Un argument pour attirer les nouvelles recrues
 
La prime financière n’est que la partie visible de l’iceberg, pour les salariés des entreprises accompagnées par les fonds de capital-investissement. Elle symbolise surtout leur sens de l’engagement auprès des équipes au plus près du terrain. Pour aller plus loin, Ardian a ainsi signé, en décembre dernier, un partenariat avec Ownership Works, « une organisation à but non lucratif qui s’associe à des entreprises et des investisseurs pour offrir à tous les employés la possibilité de se constituer un patrimoine au travail ». Objectifs, d’ici 2024 : la mise en place d’un programme d’actionnariat salariés ouverts à tous les employés ainsi que celle d’un programme d’éducation financière et d’un programme d’engagement des employés. Une politique de long terme qui, évidemment, pourrait séduire les nouveaux entrants sur le marché du travail.
 


2 Mai 2023