Marie-Ange Debon nommée PDG de La Poste : continuité ou changement ?




À 60 ans, Marie‑Ange Debon pose ses valises à la tête du groupe La Poste — une nomination qui marque une nouvelle étape dans sa trajectoire professionnelle mais n’a pas pour autant suscité l’unanimité.



Marie-Ange Debon : une longue carrière à des postes dirigeants

Le 21 octobre 2025, Marie-Ange Debon est officiellement nommée présidente-directrice générale de La Poste, en succédant à Philippe Wahl. Marie-Ange Debon débute sa carrière en 1990 comme magistrate à la Cour des comptes. Entre 1990 et 1994, elle y exerce avant d’intégrer en 1994 France 3 comme directrice de la gestion puis directrice générale adjointe en charge des ressources. En 1998, elle rejoint le groupe Thomson (devenu Technicolor) comme directrice financière adjointe puis secrétaire générale. En 2008, elle intègre le groupe Suez en tant que secrétaire générale à l'occasion de son introduction en Bourse, puis prend la direction générale adjointe : d’abord la division internationale (4,6 milliards d'euros de chiffre d’affaires, plus de 50 pays) puis la division France (30.000 collaborateurs, 5,8 milliards d'euros de CA). Depuis août 2020, elle était à la tête de Keolis, groupe de transports en commun présent dans 13 pays, employant 70.000 collaborateurs et générant 7,7 milliards € de chiffre d’affaires. Ce profil hybride entre service public et grands groupes internationaux la positionne comme une candidate de poids pour un grand opérateur public comme La Poste.

La nomination de Marie-Ange Debon avait été validée par le parlement

La candidature de Marie-Ange Debon a été proposée par l’Élysée le 26 septembre 2025 en remplacement de Philippe Wahl. Le décret portant nomination a été signé le 22 octobre 2025, pour un mandat de cinq ans à compter de cette date. Lors des auditions devant les commissions des affaires économiques de l’Assemblée nationale et du Sénat, elle obtient 33 voix pour et 36 contre sur 77 suffrages exprimés. Le nombre de voix contre ne dépassant pas les trois-cinquièmes, sa nomination est validée.
Dans sa feuille de route, elle insiste sur les trois grands défis de La Poste : la sous-compensation des missions de service public (estimée à « plus d’un milliard d’euros » de déficit). Elle annonce également vouloir revoir le portefeuille d’activités à l’international, où l’activité représente 45% du groupe mais une proportion plus importante de la rentabilité. Ainsi, Marie-Ange Debon arrive en affichant la continuité.

Une nomination qui ne fait pas l’unanimité

Malgré son profil, plusieurs éléments expliquent que la nomination de Marie-Ange Debon suscite des réserves. Premièrement, l’équilibre politique est fragile : 36 élus ont voté contre sa candidature, ce qui témoigne d’un manque de consensus. Deuxièmement, les défis structurels du groupe La Poste sont lourds : une baisse continue des volumes de courrier (les effectifs évoqués sont près de 230.000 salariés, dont 60.500 facteurs). Troisièmement, certains choix sont déjà décriés : par exemple, elle a assumé l’accord entre Colissimo et la plateforme chinoise Temu, controversé. Quatrièmement, le volet rémunération est sensible : devant les sénateurs, elle a dû justifier pourquoi les plafonds ne s’appliquent pas aux dirigeants de filiales du groupe bancaire. 

Enfin, sur le terrain territorial, elle reprend un groupe qui doit revisiter ses 17.000 points de contact, face à une fréquentation en forte baisse (par exemple les retraits en espèces ont diminué de 20% entre 2022 et 2024). Les syndicats, élus et parties prenantes locales attendent donc des actes et non seulement des promesses.


23 Octobre 2025
Tags : La Poste