Luis von Ahn impose l’IA chez Duolingo : quand le PDG coupe dans la chair humaine
Le 30 avril 2025, Duolingo a franchi un cap décisif : l’entreprise américaine spécialisée dans l’apprentissage des langues a annoncé son virage « AI-first », reléguant de nombreux collaborateurs humains au second plan, voire hors-jeu. À la manœuvre, un seul homme : Luis von Ahn, fondateur et PDG, qui revendique sans fard sa foi en l’intelligence artificielle. Une foi qui s’accompagne de décisions concrètes, radicales, et qui redessinent en profondeur le fonctionnement de l’entreprise.
À l’image d’un chef d’orchestre déterminé, Luis von Ahn orchestre une transformation brutale de Duolingo. Son mot d’ordre ? Fini les freelances, place aux réseaux neuronaux. Dans une lettre interne rendue publique le 29 avril 2025 sur LinkedIn, il déclare : « Nous allons progressivement arrêter de faire appel à des sous-traitants pour des tâches que l’IA peut prendre en charge ». Il poursuit : « De légères pertes de qualité sont un prix acceptable à payer pour avancer rapidement dans la course à l’IA ».
Ce n’est pas une première. L’entreprise avait déjà commencé à se séparer de ses créateurs de contenu en 2024. Mais cette fois, le message est clair : toute fonction automatisable sera automatisée. Von Ahn n’a pas pris la peine de détailler quels services ou départements seraient concernés. Le ton est donné : le futur de Duolingo, c’est l’automate.
À l’image d’un chef d’orchestre déterminé, Luis von Ahn orchestre une transformation brutale de Duolingo. Son mot d’ordre ? Fini les freelances, place aux réseaux neuronaux. Dans une lettre interne rendue publique le 29 avril 2025 sur LinkedIn, il déclare : « Nous allons progressivement arrêter de faire appel à des sous-traitants pour des tâches que l’IA peut prendre en charge ». Il poursuit : « De légères pertes de qualité sont un prix acceptable à payer pour avancer rapidement dans la course à l’IA ».
Ce n’est pas une première. L’entreprise avait déjà commencé à se séparer de ses créateurs de contenu en 2024. Mais cette fois, le message est clair : toute fonction automatisable sera automatisée. Von Ahn n’a pas pris la peine de détailler quels services ou départements seraient concernés. Le ton est donné : le futur de Duolingo, c’est l’automate.
Une stratégie assumée : plus rapide, plus fort, mais sans humains
Ce n’est pas qu’une mesure économique ou RH, c’est une réécriture des fondements de l’entreprise. Luis von Ahn l’assume : « Il ne s’agit pas de remplacer les Duos [employés] par l’IA. Il s’agit de supprimer les goulets d’étranglement pour qu’on puisse en faire plus… Je veux que vous vous concentriez sur les tâches créatives et les vrais problèmes, pas sur les choses répétitives ».
Le résultat ? En un an, Duolingo affirme avoir conçu 148 nouveaux cours automatisés, soit plus qu’en douze ans de production humaine. « Créer nos 100 premiers cours a pris environ douze ans. Aujourd’hui, en un an, nous en avons lancé près de 150 », explique von Ahn dans un communiqué de presse publié le 30 avril 2025.
Le résultat ? En un an, Duolingo affirme avoir conçu 148 nouveaux cours automatisés, soit plus qu’en douze ans de production humaine. « Créer nos 100 premiers cours a pris environ douze ans. Aujourd’hui, en un an, nous en avons lancé près de 150 », explique von Ahn dans un communiqué de presse publié le 30 avril 2025.
Une vision qui ne souffre aucun ralentissement
Luis von Ahn veut faire de l’IA le socle technique et idéologique de Duolingo. « Miser sur le mobile a tout changé », écrit-il, rappelant le virage qui avait propulsé l’application dans les années 2010. « Nous faisons aujourd’hui un pari similaire, mais cette fois, la plateforme, c’est l’IA ».
Et il ne s’agit pas d’un simple plugin collé à une interface existante : « Dans de nombreux cas, il faudra tout reconstruire depuis zéro ». Le dirigeant n’attend pas une IA parfaite pour l’intégrer. Il préfère l’imparfaite, mais immédiate : « Nous préférons avancer avec urgence, quitte à subir de temps en temps une baisse de qualité, plutôt que d’attendre passivement ».
Et il ne s’agit pas d’un simple plugin collé à une interface existante : « Dans de nombreux cas, il faudra tout reconstruire depuis zéro ». Le dirigeant n’attend pas une IA parfaite pour l’intégrer. Il préfère l’imparfaite, mais immédiate : « Nous préférons avancer avec urgence, quitte à subir de temps en temps une baisse de qualité, plutôt que d’attendre passivement ».
Les conséquences internes : l’IA décide qui entre, qui reste, qui sort
Cette mutation ne concerne pas que la production. Elle reconfigure aussi les règles du jeu internes. Dorénavant, les nouvelles embauches ne seront autorisées que si les équipes prouvent que les tâches ne peuvent pas être automatisées. Un mimétisme assumé avec Shopify, dont le PDG a instauré la même politique quelques semaines plus tôt.
Plus encore : l’IA jouera un rôle dans l’évaluation des performances des salariés. Autrement dit, les décisions de promotion, de bonus ou de réorganisation pourront bientôt s’appuyer sur des algorithmes.
Plus encore : l’IA jouera un rôle dans l’évaluation des performances des salariés. Autrement dit, les décisions de promotion, de bonus ou de réorganisation pourront bientôt s’appuyer sur des algorithmes.
Des cours plus nombreux, mais plus fades ?
Duolingo vante les mérites de son IA : multiplication rapide des cours, adaptation aux marchés non anglophones, accessibilité accrue. En Amérique latine, des hispanophones peuvent désormais apprendre le japonais. En Asie, des locuteurs de mandarin ou de thaï peuvent suivre des cours en italien, allemand ou coréen.
Mais au sein même de la communauté, certains expriment déjà leur scepticisme. L’esprit fantasque des exercices – une fillette russe demandant qu’on répare son tracteur ou un hibou menaçant l’apprenant – pourrait bien être sacrifié sur l’autel de l’efficacité. Comme le note un ancien utilisateur dans Vice, « l’IA régurgite une copie fade, diluée, dérivative ».
Mais au sein même de la communauté, certains expriment déjà leur scepticisme. L’esprit fantasque des exercices – une fillette russe demandant qu’on répare son tracteur ou un hibou menaçant l’apprenant – pourrait bien être sacrifié sur l’autel de l’efficacité. Comme le note un ancien utilisateur dans Vice, « l’IA régurgite une copie fade, diluée, dérivative ».
Une stratégie risquée ?
L’histoire jugera si ce pari radical sur l’IA est visionnaire ou précipité. Des économistes ont récemment publié une étude indiquant que l’impact réel de l’IA sur la productivité et les salaires est encore marginal. Les gains de temps réels seraient de l’ordre de 2,8% – bien loin des promesses affichées.
Mais peu importe pour Luis von Ahn. Ce n’est pas le marché qui dicte sa stratégie, c’est sa conviction. Et tant pis si le hibou de Duolingo a désormais moins de plumes humaines autour de lui.
En deux lettres internes et quelques phrases bien placées, Luis von Ahn a imprimé sa marque sur le futur de Duolingo. Pas en le confiant à ses équipes, mais en le confiant à l’IA. Un avenir rapide, peut-être plus rentable. Mais sans doute un peu moins humain.
Mais peu importe pour Luis von Ahn. Ce n’est pas le marché qui dicte sa stratégie, c’est sa conviction. Et tant pis si le hibou de Duolingo a désormais moins de plumes humaines autour de lui.
En deux lettres internes et quelques phrases bien placées, Luis von Ahn a imprimé sa marque sur le futur de Duolingo. Pas en le confiant à ses équipes, mais en le confiant à l’IA. Un avenir rapide, peut-être plus rentable. Mais sans doute un peu moins humain.