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Essilor, une histoire française avant tout





Nul besoin de porter des lunettes pour connaître la marque Essilor tant sa notoriété dépasse très largement le marché de l’optique. Ce que l’on sait sans doute moins, c’est que cette société à l’aura internationale et leader mondial dans son secteur d’activité, est une entreprise bien française, née il y a plus de 170 ans à Paris.



Petite association deviendra grande
 
Qui peut aujourd’hui imaginer que le groupe Essilor est né de la réunion de treize ouvriers parisiens au milieu du XIXème siècle ? Pourtant, c’est bien en 1849 que tout a commencé avec la création par cette douzaine d’hommes de l’Association Fraternelle des Ouvriers Lunetiers ! Rapidement rebaptisée la société des lunetiers (SL), la petite entreprise commence lentement mais sûrement son développement. D’abord en France, en intégrant un savoir-faire verrier avec l’ambition d’être « parmi les principaux fabricants de verres correcteurs de Paris », et en faisant l’acquisition, dès 1867, de l’usine des Battants, située dans la Meuse. Puis à l’international avec l’ouverture d’une filiale à Londres et des exportations vers l’Europe, l’Amérique Latine, le Moyen-Orient et l’Amérique du Nord dès la fin du XIXème siècle. Des représentants sillonnent la planète pour vendre les produits SL partout dans le monde, en s’appuyant sur des catalogues édités en français, en anglais et en espagnol. En 1900, après seulement cinquante ans d’existence, la SL est passée de 13 ouvriers à 1200 salariés (1), possède trois usines de production de verres et quatre usines de fabrication de montures et fait référence dans le monde de l’optique. A cette époque, SL règne sans partage sur le marché des lunettes en France mais, pendant l’entre-deux-guerres, un concurrent de taille fait son apparition. Son nom : Lissac.
 
De la concurrence à la fusion avec Lissac
 
En 1931, Georges Lissac et ses frères, Marcel et André, fondent la société Les Frères Lissac. Tout aussi dynamique économiquement que SL, l’entreprise se développe rapidement en introduisant les méthodes du commerce moderne dans l’univers de l’optique et en ouvrant le tout premier mégastore entièrement dédié à l’optique rue de Rivoli, à Paris, en 1938. Dans les années qui suivent, Georges Lissac crée la société industrielle de lunetterie (SIL), la branche industrielle de la société des Frères Lissac, puis AMOR, une monture de lunettes révolutionnaire et une autre filiale spécialisée dans les verres en matière plastique, la LOR. A la fin des années 50, Lissac et SL innovent chacun de leur côté, en mettant au point deux types de verres qui vont révolutionner le monde l’optique : le tout premier verre organique chez Lissac et le verre progressif Varilux® chez SL. Mais conscient que, dans l’industrie comme dans bien d’autres domaines, l’union fait la force, Georges Lissac prône un rapprochement de sa société avec SL, rebaptisée Essel en 1962. « Georges Lissac pensait que l’alliance des deux ténors de la profession devait être la priorité de ce métier », raconte Michel Dader, opticien qui a repris il y a quelques années la marque AMOR créée par Lissac en 1946 (2). Pour ce faire, le chef d’entreprise réunit ses deux filiales SIL et LOR pour ne former qu’une seule et même entité qu’il nomme SILOR. Malheureusement, Georges Lissac ne verra jamais ce projet aboutir car il meurt en 1969. Néanmoins, son souhait sera rapidement exaucé puisque, trois ans plus tard, Essel et SILOR fusionnent. Ainsi naît le groupe Essilor, issu à parts égales des deux grands noms de l’optique de l’époque.
 
Un leader mondial en perpétuel développement
 
Dès sa création en 1972, le groupe Essilor affiche de grandes ambitions et se donne les moyens de les assouvir. En 1974, Essilor se dote d’un second réseau sur le marché français pour soutenir son développement en faisant l’acquisition de BBGR, fruit de la fusion de Besnoit-Berthiot, l’une des premières entreprises de surfaçage de verres optiques dont l’origine remonte à 1846, et de Guilbert-Boutit, spécialisé dans les verres minéraux. L’année suivante, Essilor entre en bourse, trois ans seulement après sa naissance alors que l’objectif initial avait été fixé à cinq ans.
 
En 1976, le souhait de Georges Lissac qui espérait que la fusion des deux sociétés débouche sur de nouvelles innovations se réalise : fruit des savoir-faire conjugués de SILOR et ESSEL, le premier verre organique Varilux® Orma est mis au point. Ce développement se traduit également à l’international avec l’implantation d’une première usine de fabrication en Asie en 1979, puis par le regroupement de toutes les filiales basées aux Etats-Unis sous le nom d’Essilor of America en 1986. Fidèle à la philosophie de ses fondateurs, Essilor continue encore et toujours d’innover dans les années 90 avec le lancement de Transitions®, le premier verre organique photochromique au monde, qui fonce ou s’éclaircit en fonction de l’intensité lumineuse, puis avec la mise sur le marché du verre Crizal®, un concentré de technologies qui allie résistance aux reflets, aux rayures et aux salissures. En 2005, le groupe Essilor franchit une étape supplémentaire dans son développement avec son entrée dans le CAC 40, l’indice boursier de référence en France. Depuis, entre le lancement régulier de nouveaux produits hautement performants et de nombreuses acquisitions, le groupe Essilor poursuit sa croissance à un rythme régulier et soutenu. Dernier exemple en date : le rapprochement entre Essilor et Luxottica, leader mondial dans la fabrication et la distribution des montures de lunettes, avec la création d’EssilorLuxottica en octobre 2018. La force de ce nouveau groupe : exploiter les toutes dernières découvertes technologiques pour proposer des produits à la pointe de l’innovation, tout en continuant à s’appuyer sur un savoir-faire plus que centenaire.
 
Ce n’est certainement pas un hasard si, plus de soixante ans après leur mise au point, Essilor continue à proposer dans son catalogue les verres Varilux® mis au point par Bernard Maitenaz et Orma inventé par Lissac. Des liens étroits unissent toujours les deux sociétés, dont l’une est maintenant centenaire. « Aujourd’hui encore, il y a un attachement fort entre Lissac et Essilor », confirme Jean-Luc Favène, directeur général de Lissac (3). Préparer le futur, tout en ne reniant jamais son passé, voilà sans doute le secret de la réussite d’Essilor !
 
Sources :
  1. http://polmoresie.over-blog.fr/2017/01/essilor-une-histoire-ouvriere-et-joinvillaise.html
  2. https://www.annasam.fr/interview-michel-dader-lunettes-amor/
  3. https://www.carnetsdubusiness.com/Jean-Luc-Favene-Directeur-General-de-Lissac-L-histoire-de-Lissac-est-aussi-celle-des-opticiens_a2428.html


14 Décembre 2020

Tags : BBGR, Essilor, Lissac