Entreprises & Décideurs
Corporate management: information pour les dirigeants

Entreprises & Décideurs

Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable

Elon Musk dérange, Trump sanctionne : Tesla au cœur d’un bras de fer





Le vent tourne pour Elon Musk. Tesla n’a jamais semblé aussi vulnérable, et ce ne sont pas les mots du milliardaire qui vont rassurer les marchés. Quand la politique s’invite dans l’ingénierie, la mécanique déraille.



Elon Musk reconnaît des mois sombres pour Tesla, sous tension fiscale et politique

Elon Musk dérange, Trump sanctionne : Tesla au cœur d’un bras de fer
Le 23 juillet 2025, lors d’un appel avec les investisseurs, Elon Musk a lâché ce que tout le monde redoutait : « Nous pourrions probablement avoir quelques trimestres difficiles ». Une déclaration qui résonne comme un aveu d’échec temporaire, mais aussi comme un signal d’alarme. Le groupe californien doit faire face à un choc brutal : la suppression pure et simple des aides fédérales aux véhicules électriques, votée par l’administration Trump.

À elle seule, cette mesure fait vaciller un modèle économique déjà mis à mal par une concurrence chinoise agressive, une demande en baisse et une transition technologique qui prend plus de temps que prévu. Résultat : un chiffre d'affaires en recul de 12%, des bénéfices en chute libre, et un avenir à court terme que Musk qualifie lui-même de « délicat ».

 

L’axe Musk-Trump vole en éclats : des incitations supprimées, des accusations lancées

Il fut un temps où Donald Trump et Elon Musk échangeaient des amabilités politiques et économiques. Ce temps est révolu. Officiellement, tout a basculé avec l’adoption du « Big Beautiful Bill », un texte de loi signé par Trump qui élimine les crédits d’impôts de 7.500 dollars pour l’achat de véhicules électriques, dont Tesla bénéficiait largement.

Mais en coulisses, la fracture est bien plus personnelle. Musk, qui avait soutenu Trump en 2024 et siégé brièvement au sein du DOGE (Department of Government Efficiency), s’est depuis mué en rival politique. Le lancement surprise de son propre mouvement, « America Party », a été vu comme un camouflet. La réponse de Trump, postée sur Truth Social, a été cinglante : « Il a complètement perdu la tête ». En d’autres termes : fini l’impunité fiscale, fini les cadeaux.

Cette rupture ne laisse rien au hasard. En quelques mois, Tesla a perdu l’un de ses appuis politiques majeurs, et avec lui des milliards d’euros potentiels en incitations.

Tesla entre incertitudes financières et promesses technologiques

La réaction des marchés ne s’est pas fait attendre. L’action Tesla a plongé de plus de 8% dans les heures suivant l’annonce des résultats trimestriels. Dan Ives, analyste star chez Wedbush Securities, résume l’ambiance : « Musk va dans exactement la direction opposée à celle que souhaitent les investisseurs ». Pour eux, la politique est une distraction, pas un moteur.

Et pourtant, Tesla tente de rester sur les rails. Elon Musk a annoncé que la production des premiers robotaxis a commencé au Texas. Un modèle plus abordable, dérivé du Model Y, est également en préparation. Ces innovations pourraient redonner un coup d’accélérateur à l’entreprise, mais pas avant plusieurs trimestres. Or, c’est maintenant que les finances fléchissent : les ventes mondiales sont en baisse de 14%, les marges s’effritent, et la trésorerie se tend.

La suppression des revenus liés aux crédits réglementaires aggrave la situation : ce levier représentait une manne non négligeable pour Tesla, souvent plus rentable que ses véhicules eux-mêmes. Avec sa disparition, la dépendance au succès des futures innovations devient quasi totale.

Un patron en croisade, une entreprise à la peine

Elon Musk est-il encore le PDG que les marchés attendaient ? La question n’est plus taboue. Certains investisseurs espéraient son retour à la concentration après son départ du DOGE ; ils se retrouvent face à un entrepreneur qui lance un parti politique, multiplie les déclarations explosives et s’oppose frontalement à l’homme le plus puissant du pays.

La fatigue gagne du terrain. Ives parle de « sens d’épuisement » dans les cercles financiers. En mai 2025, un sursaut avait été observé quand Musk avait promis de « dormir au bureau » à nouveau. Mais l’enthousiasme est retombé aussi vite qu’il est venu.

Tesla reste une entreprise à fort potentiel. Mais ce potentiel est désormais parasité par un contexte politique instable, un exécutif imprévisible et une feuille de route qui repose sur des promesses technologiques encore loin d’être concrétisées.


24 Juillet 2025