Dette publique : la hausse à venir des taux d’intérêt présente un risque




La dette française a atteint un niveau record fin 2021 : les mesures visant à répondre à la pandémie de Covid-19, qu’elles aient été sanitaires ou économiques, ont fait exploser les dépenses publiques durant le « quoi qu’il en coûte ». Si elles ont été efficaces, la Banque de France a tenu à rappeler que la dette devra être remboursée. Or, la hausse des taux directeurs présente un risque à ce niveau.



Les Français pensent que la dette n’a pas de coût

Pixabay/luctheo
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, est intervenu durant une conférence du Haut Conseil des Finances Publiques le 10 mai 2022. Il s’inquiète de la perception, faussée, que les Français ont de la dette publique au lendemain du « quoi qu’il en coûte » et de la pandémie. « La dette serait devenue sans limites et sans coût » aux yeux des Français, selon le gouverneur de la Banque de France. « Cette double illusion, si séduisante, est aujourd’hui notre plus grand danger. Ce qui était une réponse exceptionnelle à des circonstances exceptionnelles ne doit pas devenir un « nouveau normal ». »

La dette publique a en effet explosé, passant d’un peu moins de 100% du PIB fin 2019 à environ 113% du PIB fin 2021. Or, comme toute dette, elle doit être remboursée, ce qui, déplore François Villeroy de Galhau, a peu été évoqué durant la campagne présidentielle et semble peu l’être alors que les législatives s’approchent.

Une hausse des taux va faire augmenter le coût de la dette

L’inquiétude de la Banque de France est d’autant plus d’actualité qu’il est attendu que la Banque Centrale Européenne devrait relever ses taux directeurs, aujourd’hui dans le négatif, dès l’été 2022. Elle suivrait ainsi les banques centrales américaine et britannique, entre autres, qui ont déjà validé des hausses afin de tenter de limiter les effets de l’inflation.

Or, selon les calculs de la Banque de France présentés le 10 mai 2022, cette augmentation des taux va avoir un effet négatif sur les taux d’intérêts de la dette français actuelle et, surtout, future. « Les taux ont donc déjà significativement monté (l’OAT à 10 ans est passé de 0,1% il y a un an, début mai 2021, à 1,6% aujourd’hui), ils devraient continuer à le faire en particulier sur le segment à court terme », a expliqué François Villeroy de Galhau. « Chaque 1% de hausse des taux d’intérêt représente donc à terme un coût annuel supplémentaire de près de 40 milliards d’euros. »


11 Mai 2022