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De nouveaux objectifs stratégiques s'imposent à Facebook





À l’orée de son introduction en bourse, le réseau social aux 900 millions d’abonnés se trouve à un moment charnière de son développement. Au-delà de la simple augmentation du capital de ce géant du web, l’introduction en bourse de Facebook témoigne de son passage à une nouvelle étape stratégique.



De nouveaux objectifs stratégiques s'imposent à Facebook
L’entrée en bourse de Facebook a créé un véritable évènement. À la veille de celle-ci en mai 2012, on évalue la valorisation du capital de cette entreprise entre 70 et 87,5 milliards de dollars. Un chiffre qui dépasse de loin les 23 milliards de valorisations boursières réalisées par Google lors de son entrée au NASDAQ en 2004. Tous secteurs confondus, l’entrée de Facebook en bourse se classerait donc parmi les 15 plus grandes opérations de ce genre selon un classement établi par Renaissance Capital. Mais au-delà de l’entrée en bourse et d’un accroissement de capital, cet évènement marque l’entrée de Facebook dans une nouvelle phase de maturité. Mark Zuckerberg et son entreprise s’apprêtent à relever de nouveaux défis.

Au cours du premier trimestre 2012 en effet, le chiffre d’affaires affiché par Facebook a reculé de 6% par rapport au résultat affiché lors du dernier quart de l’année 2011. Sur cette première partie de l’année 2012, le bénéfice net de Facebook a reculé de 10% ; une forte baisse qui plafonne la création de richesse de l’entreprise à 205 millions de dollars. Le champion du web 2.0 affronte donc des difficultés nouvelles auxquelles il ne peut se soustraire.
Sur l’année 2011, les coûts de fonctionnement de l’entreprise sont en constante augmentation. Ce constat n’était pas alarmant tant qu’il était soutenu par une croissance constante de l’activité. Mais aujourd’hui, le triplement des effectifs par l’entreprises ou encore l’internalisation de ses serveurs sont des politiques plus difficiles à intégrer que ne le prévoyait l'entreprise. Et pour cause, la part des coûts opérationnels dans le chiffre d’affaires de Facebook ainsi passé de 47 à 66% au cours de l’année 2011.

Consécutivement aux performances inhabituellement basses du début de l’année 2012, Facebook se doit de réagir. Elle dispose pour cela de diverses opportunités. Investir significativement le marché du mobile en est une première. Facebook a en effet été longtemps absent de ce marché pourtant crucial pour l’avenir du commerce en ligne. Il est bien sûr possible d’accéder au réseau social depuis un téléphone portable et les utilisateurs sont toujours plus nombreux en provenance de leur mobile. Sur l’exercice 2011-2012, Facebook a d’ailleurs enregistré une augmentation de 69% de ses utilisateurs mobiles, soit un total de 488 millions fin mars 2012. Fin avril 2012 pourtant, ces flux d’utilisateurs ne rapportent rien au réseau social : aucune offre publicitaire n’est déployée sur la version mobile du site. Monétiser le trafic en provenance du marché dont les perspectives de croissance sont les plus fortes reste donc un enjeu d’autant plus crucial pour Facebook qu’il en est toujours absent.
Alors qu’elle prépare son entrée en bourse, l’accroissement de son marché est également plus que jamais nécessaire pour le réseau social. À cet égard, l’opportunité semble résider dans les pays émergents.  Mais là encore, il s’agit là d’un défi de taille. Le marché de Chine continentale – le plus volumineux de tous les marchés émergents – lui est interdit par les autorités chinoises. Par ailleurs, des réseaux sociaux locaux concurrents tels que Renren sont déjà bien implantés sur le marché sinophone et bénéficient d’une longueur d’avance sur le précurseur américain. Malgré ces difficultés, on envisage difficilement comment Marc Zuckerberg pourrait tenir le pari d’atteindre les 2 milliards d’abonnés sans remonter dans la course asiatique.

Plus qu’une affaire de chiffres, l’accroissement du capital de Facebook et son introduction en bourse préfigure un tournant dans le développement de cette entreprise. Rémunéré à 85% par des contrats publicitaires, Facebook doit constamment convaincre les annonceurs de l’efficacité de son service réseau social. L’entrée en bourse de cette entreprise lui permettra donc de s’attaquer aux chantiers majeurs qu’il lui faut relever pour maintenir son statut de leader mondial du web social.


8 Mai 2012