« 13 Bankers » fait des vagues




Malgré la crise, les réformes au niveau du système bancaire et financier restent non appliquées. Comment expliquer le phénomène ? Les réponses à la question sont exposées par James Kwak et Simon Johnson dans leur livre « 13 Bankers, The Wall Street Takeover and the Next Financial Meltdown ».



« 13 Bankers », fruit de plusieurs années d’analyses

Ancien économiste en chef du FMI ou Fonds Monétaire International et professeur à la Business School du Massachusetts Institute of Technology, Simon Johnson s’est toujours intéressé de près aux actualités financières. En collaboration avec James Kwak, expert dans le domaine de l’information et des nouvelles technologies, il décide de fonder un portail internet spécialisé dans le secteur, après avoir assisté à la chute de Lehman Brothers en 2008. Baptisé « The Baseline Scenario », il s’agissait alors d’un blog sur lequel les internautes avaient un accès direct aux actualités financières, avec des documents et des arguments bien analysés. Au fil des débats, les deux concepteurs se sont ensuite rendu compte que les grandes banques, gérées par les « 13 banquiers » les plus puissants influencent largement les opinions politiques. Les médias s’emparent du sujet, un article est publié dans le magazine « The Atlantic », puis un livre intitulé « 13 Bankers, The Wall Street Takeover and the Next Financial Meltdown » sera édité.

Conflits d’intérêts entre finance et politique

Alors que les États-Unis, tout comme plusieurs pays, continuent de faire les frais de la crise financière, les réformes ne sont toujours pas réellement appliquées. Pour Simon Johnson et James Kwak, la raison est simple. Les conflits d’intérêts entre les « 13 banquiers » et les technocrates de Washington sont d’importance. Ces grandes banques ont en effet le pouvoir d’empêcher la faillite du gouvernement et peuvent désormais se permettre des investissements risqués pour faire encore plus de profits. Elles financent les campagnes politiques et offrent des contributions généreuses aux élus de la Finance, de telle sorte que les décisions financières restent en leur faveur. Le personnel de Washington et de Wall Street est d’ailleurs connu pour son va-et-vient, afin que les réformes demeurent avantageuses aux grands établissements financiers. Ces derniers y gagnent beaucoup certes, mais le gouvernement semble fermer les yeux face à la situation de crise et se détourner des réelles réformes à appliquer.

Des solutions s’imposent

Le système financier s’est complètement effondré suite à la crise de 2008. La situation démontre explicitement les faiblesses du système bancaire international. Et deux ans plus tard, des lignes de reconstitution sont étudiées afin d’y mettre de l’ordre, incluant notamment les accords de Bâles III du G20 et la loi Dodd-Frank élue au Sénat américain. L’application des réformes financières reste pourtant à la traîne, et le secteur financier demeure mal surveillé. Une dérégulation du système étant considérée comme la principale cause de la crise par les économistes, tout porte à croire que le virage sera presque similaire à celui d’avant 2008. La meilleure façon d’éviter un autre effondrement du système financier reste ainsi une régulation optimale du secteur. Selon Simon Johnson et James Kwak, il est notamment nécessaire de limiter la taille des banques, ainsi que leur niveau d’endettement. Les risques devraient être plus modérés, et les conflits d’intérêts minimisés entre les acteurs.


11 Octobre 2011