La somme proposée par Kraft Heinz laisse rêveur : le groupe a mis 143 milliards de dollars sur la table pour acquérir Unilever. Mais voilà, l'offre est insuffisante d'après la direction du groupe anglo-néerlandais : cette somme « sous-évalue fondamentalement » l'entreprise… même si la prime de Kraft Heinz valorise l'action Unilever de 18% par rapport à son cours de jeudi dernier. Pour Unilever, cette proposition ne présente pas d'avantage, qu'il soit financier ou stratégique.
Kraft Heinz est donc renvoyé à ses chères études, mais le groupe américain n'abandonne pas la partie pour autant. Il dispose de trente jours pour déposer à nouveau une offre — amicale ou hostile. Il faut s'attendre à une somme encore plus importante, ce qui marquerait une date dans l'histoire du capitalisme : il s'agirait en effet de la troisième fusion la plus importante de tous les temps. On en est loin.
Bon nombre d'analystes interrogent la pertinence d'un tel rapprochement. Les synergies entre les deux sociétés ne sont pas aussi évidentes qu'elles paraissent. Kraft Heinz réalise 70% de son chiffre d'affaires aux États-Unis avec des marques comme le ketchup Heinz, le fromage Philadelphia ou encore le café Maxwell. Unilever possède les marques Knorr et Magnum, mais aussi des produits d'entretien (Omo, Cif) ainsi que des produits de beauté et d'hygiène (Dove, Rexona). Difficile dans ces conditions de voir comment s'articuleraient les différentes activités de ces deux groupes.