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Glyphosate : un scientifique alerte sur les agissements d’un possible lobby





Alors que la Commission européenne peine à formuler une position tranchée sur le caractère cancérogène ou non du glyphosate, un pesticide très répandu, un scientifique américain interpelle Jean-Claude Juncker, son président, sur le fait que des données accablantes aient été passées sous silence.



Monsanto, serait-il plus honnête que les chercheurs mandatés par la Commission européenne ?

À J-30 de l’écoulement du délai octroyé par Bruxelles à la communauté scientifique pour confirmer ou infirmer la dangerosité du glyphosate, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a reçu un courrier avec une accusation lourde à la clé. Selon son auteur, Christopher Portier, toxicologue et biostatisticien de renommée mondiale et ancien directeur de plusieurs institutions de recherche fédérales américaines, les deux agences européennes chargées de se prononcer sur le sujet ont passé sous silence au moins huit cas de « hausses significatives de la fréquence de tumeurs ». « L'EFSA [l'Autorité européenne de sécurité des aliments] et l'ECHA [l'Agence européenne des produits chimiques] ont toutes les deux échoué dans l'identification de l'ensemble des résultats statistiquement significatifs des études sur le glyphosate réalisées sur des rongeurs », alerte-t-il.

Les études auxquelles fait référence Christopher Portier sont les études confidentielles réalisées par les industriels, dont Monsanto, et transmises à l’EFSA et à l’ECHA, études auxquelles il a également eu accès.

Le glyphosate, bientôt dangereux pour les uns mais pas pour d’autres ?

« Cela nous conforte dans l’idée qu’il faille prôner le principe de précaution : tant que nous ne sommes pas sûrs que le produit soit inoffensif, on ne peut donner l’autorisation de l’utiliser : les citoyens ne sont pas des cobayes ! », a réagi Marc Tarabella, eurodéputé en charge de la protection des consommateurs et de l’agriculture au Parlement européen.

Pour rappel, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence placée sous l’autorité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et chargée d’identifier les causes de cancer, a conclu en mars 2015 que le glyphosate était un « cancérogène probable ». L’EFSA et l’ECHA, pour leur part, estiment qu’il ne présente pas un tel danger.

En l'absence d'avis scientifique unanime, le 16 mai 2017 la Commission européenne a appelé les États membres à se prononcer individuellement sur la prolongation de l'autorisation de mise sur le marché du glyphosate. Si aucune position commune n’est trouvée d’ici le 30 juin 2017, le glyphosate pourrait très bien être interdit dans certains États de l’Union européenne mais pas dans d’autres.


30 Mai 2017