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Domestiquer le cloud computing: un enjeu stratégique pour l’État et les entreprises





Avec un marché générant 25% de croissance par an, le cloud computing est une solution informatique aux utilités professionnelles multiples. Mais le stockage à distance de données qui peuvent être confidentielles pose des problèmes inhérents à ce type de service. Aujourd’hui, des concepteurs français et même l’État se mobilise pour faire émerger une offre nationale et sécurisée.



Domestiquer le cloud computing: un enjeu stratégique pour l’État et les entreprises
Le cloud computing est une des technologies porteuses de cette décennie. Il y a fort à parier qu’elle intègre l’environnement de travail de l’écrasante majorité des entreprises. En effet en permettant le stockage à distance de fichiers et leur accès presqu’instantanément, le cloud computing révolutionne la mobilité des travailleurs. Néanmoins, stocker des données professionnelles soulève une question non moins cruciale : qui stocke le contenu ?

Lorsque les particuliers ou les entreprises ont recours à un prestataire pour se doter d’une solution en cloud computing, celui-ci opère bien souvent depuis l’étranger. Les serveurs destinées à héberger le contenu en ligne sont donc protégés par la loi du pays qui les accueille et il est difficile d’évaluer le niveau de confidentialité du service proposé. A l’heure actuelle, l’offre de cloud computing est marquée par une réelle carence de confidentialité.

Par ailleurs, lorsque le client opte pour une solution économique, c’est bien souvent le prix de la sécurité qu’il économise. Sauvegarde systématique et protection des serveurs coutent aux prestataires qui peuvent faire le choix de s’y soustraire pour offrir un service de stockage distant à minima. Or si les grandes entreprises sont relativement au fait des enjeux de sécurités informatiques, les PME ne sont pas aussi conscientes des enjeux. Elles n’en restent pourtant pas moins susceptible de manipuler des données stratégiques de même que de tirer parti des technologies de cloud computing.
 
Ce contexte de sécurité et de confidentialité insatisfaisant appelle à l’émergence d’une offre française. C’est aussi l’avis de nombreux concepteurs français. Ainsi fleurissent depuis début 2012 des projets en matière de cloud computing. La plupart bénéficient d’ailleurs du soutien de l’État.

Soutenu par le Fonds national pour la société numérique, le projet nuage regroupe 7 PME et 2 laboratoires universitaires avec pour but de « faire ensemble un cloud computing ouvert, écologique et relocalisé en France ». « Nous avons l’ambition de relocaliser vos données » déclarait Marc Triboulet, porteur du projet nuage et directeur NON STOP Systems, en présentant le consortium en décembre 2011.

Orange et Thalès se sont également lancés dans un projet d’envergure sur la demande exprès du gouvernement. Le projet baptisé Andromède a ainsi pour objectif de doter le territoire national de ses propres centres de stockage de données et de permettre la pratique sécurisée du stockage en ligne de contenu.
À la fin de l’année 2011, le Ministère de l’Économie des Finances et de l’Industrie a alloué 19 millions d’euros pour le seul chantier du cloud computing. Il s’agit d’un investissement véritablement stratégique puisqu’il permettra, à terme, d’établir la présence française sur un marché hautement dynamique et en plein développement mais aussi de mettre une technologie sûre à disposition du tissu économique et industriel français.

En outre, d’autres consortiums ayant pour but de développer l’offre française en cloud computing ont vu le jour dans le pays en marge des projets gouvernementaux. Eux aussi témoignent de l’attractivité de ce marché. Ainsi, Dassault Systèmes s’est associé à SFR pour développer un système concurrent à Andromède – projet auquel Dassault devait prendre part initialement –. La SSII Atos s’est pour sa part rapproché des américains EMC et VMware pour travailler sur un projet de cloud computing baptisé Canopy.
 
Les technologies de stockages ont le vent en poupe. La France accuse un retard d’infrastructure en la matière mais la prise de conscience des besoins de sécurité et de confidentialité par les SSII et les pouvoirs publics est des plus encourageants. En effet, les nombreux projets concordant vers le développement de plateformes de stockage nationales sécurisées devraient à terme constituer un levier de croissance pour la France mais aussi mettre ses entreprises en capacité d’exploiter un outil technologique à la fois puissant et fiable.


12 Avril 2012